Plus loin que demain

La moitié, déjà, ou seulement, de notre fameux DTMH. Le temps file, emportant avec lui déjà de beaux souvenirs, des cours passionnants, l’apprentissage de techniques spécifiques, surtout dans « notre » laboratoire : le Dagnall. Le temps qui amène aussi d’autres envies, des projets proches pour nos prochains weekends, ou plus lointains pour après le diplôme…

Le temps qui passe, sur lequel on ne s’arrête que rarement, mais qui nous renvoi toujours à nous même. Le temps qui emporte tout, et grâce auquel tout souvenir sera agréable, même les plus amers et les plus pénibles.

Comme médecin on y est aussi confronté, le temps que l’on n’a pas pour soi, le temps de travail en trop, la vitesse des études, la vie qui passe, qui parfois s’arrête devant nous ou dans nos bras selon les patients...

L’évolution de la médecine, avec cette vitesse affolante, effrayante mais fascinante à la fois. Revient souvent le questionnement de où l’on sera dans 10-20-30 ans ? Excellente question qui mérite que l’on s’y attarde, mais à laquelle nulle réponse n’est réellement possible. Parle-t-on de nos envies, de nos projets professionnels ?

La vraie question qui mérite qu’on y réfléchisse sérieusement reste : comment nous positionnerons-nous comme médecin dans le futur ? L’avancement des techniques et moyens diagnostiques est exponentielle, les intelligences artificielles sont déjà capables de lire mieux et plus rapidement certains examens d’imagerie qu’un médecin chevronné. De nouveaux logiciels d’analyse diagnostique voient le jour. Même les techniques chirurgicales, qui semblaient le summum de l’acte médical commencent à être concurrencées par la robotique.

Dans les pays en développement également tout va vite, les tests rapides et efficaces deviennent accessibles pour pas cher, les réseaux de communications florissent, les distributions de traitements sont optimisées... Nos compétences techniques apprises laborieusement durant de nombreuses heures risquent de devenir bien vite obsolètes.

Et si le vrai rôle du médecin du futur n’était pas d’être une encyclopédie ambulante, ni même un virtuose d’un geste technique, mais bien son rôle humain, relationnel. La seule chose que les machines ne nous prendront jamais, ce qui nous définit justement comme être humain, et par extension comme médecin : notre rapport à l’autre, aussi imparfait qu’il soit.

Alors le vrai rôle du médecin sera justement de se servir de la technologie comme aide pour affiner son diagnostic, et surtout guider son choix thérapeutique. Parfois sans suivre exactement toutes les meilleures guidelines qui existent, parce que souvent non applicables selon les patients. Accompagner les gens dans leur maladie, aigue ou chronique, les guider dans les arcanes du monde médical bien trop touffu, avec une écoute attentive, sans jugement, comme un soignant, en étant pleinement médecin.

Ne nous laissons pas avoir par la technologie, elle doit rester une aide pour tous, et non faire de nous ses esclaves !

Doc Peytro